mercredi 7 mars 2007

Hum, ça sent le napalm !

En lisant l'excellente lettre quotidienne de Télérama, j'ai appris que certains sites (un turc en l'occurence) élisent le fameux "the smell of the napalm in the morning" en tête d'un classement des scènes d'anthologie. Etrange tout de même. Et aujourd'hui, comme tous les mercredi, sortent les lots de comédies déjà éculées, de films d'action cent fois répétés, de divertissement à grosses ficelles, pop corn-kleenex, larme facile et blagounette pétaradante. Ne serait-il pas temps d'agir ? Et faut-il ? (priver les bonnes gens de leur bonne soupe...etc, c'est une question)
Lors de la remise des Césars, Pascale Ferran, la réalisatrice de la coquine de Chatterley alertait sur la situation du cinéma français d'auteur en ces termes : «Leurs auteurs, de Renoir à François Truffaut, de Jacques Becker à Alain Resnais, avaient la plus haute opinion des spectateurs à qui ils s'adressaient et la plus grande ambition pour l'art cinématographique. Ils avaient aussi, bon an mal an, les moyens financiers de leurs ambitions. Or, ce sont ces films-là que le système de financement actuel, et en premier lieu les chaînes de télévision, s'emploie très méthodiquement à faire disparaître.» En appelant aux candidats à la présidentielle. «Il leur reste 55 jours pour oser prononcer le mot "culture".»
Faut-il le rappeler, le bouclage financier de Lady Chatterley a dû se faire, du côté des chaînes, avec le seul soutien du secteur de production télé, pas ciné, d'Arte. (Pour la peine, aujourd'hui, vous regarderez une de mes scènes préférées : l'arrivée de l'aviateur André Jurieu au Bourget dans la Règle du jeu de Renoir.)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

pourquoi est-il étrange d'élire cette scène là? On parle bien d'Apocalypse Now? Il me semble que personne ne remet en question le statut d'auteur de Coppola. Ce film est plus qu'un film d'action pétaradant, non?

La Thilde a dit…

Ben cette scène est comment dire... un peu fachisante. Et je ne suis pas sûre que ceux qui l'ont élue s'en sont tenus à la forme, certes admirable de Coppola. On retrouve d'ailleurs cette scène sur des sites qui font l'apologie du pouvoir militaire blanc... etc. Tu vois le genre coco !

Anonyme a dit…

Pas d'accord. L'odeur du Napalm au matin, cette phrase, c'est Kurtz qui la prononce, hein? Et il est pas franchement très équilibré, Kurtz. L'a des p'tits problèmes dans sa tête rasée. Il a du jeu dans les combles.
Et quand bien même. Même si c'était Martin Sheen (Willard, merci Kikipedia) qui le prononçait. Jusqu'à preuve du contraire, et même si Taxi 4 peine un peu à le justifier, le cinéma est un art, il a la licence artistique qui va avec. C'est pas un tract. On va pas interdire des films parce que leurs protagonistes sont des salauds. American History X a fait sûrement fait frétiller quelques chemises brunes, mais on peut pas accuser pour autant le film de faire l'apologie du nazisme. Autant aussi interdire Mississipi Burning (ça fait triquer les cagoules pointues), M le maudit (les meurtriers d'enfant l'ont tous dans leur vidéothèque) ou Conan le barbare (le bréviaire de l'haltérophile dopé). On peut aussi mettre les Bienveillantes au pilon. Non? Ya pas très longtemps, dans un bled du pas-de-Calais, un week-end rétro a été organisé. Chromes ricains, bananes, rockabilly de rigueur. Mais à bien y regarder, le Dixie Flag claquait un peu trop souvent au vent, le cheveu était un peu trop ras sur les côtés de la banane, et casques à pointes et croix de fer étaient bien visibles aux yeux du badaud insistant. Ya des nostalgies mal placées. Pour autant, faut-il interdire ce week-end sixties annuel parce qu'il est récupéré par des déchets?
On peut aussi interdire les jeux violents parce que ça donne des idées aux cerveaux un peu atrophiés? Plutôt qu'aux ciseaux de la censure, je préfère m'en remettre à l'intelligence du récepteur, même s'il y a parfois lieu d'être pessimiste, cela va sans dire...
PS: Tout ça m'évoque les premiers filtres parentaux d'internet, qui fonctionnaient sur un système totalement con d'occurences de mos clés. "Nazi" par exemple. Ainsi le petit n'enfant était-il certes empêché de se balader sur Meinkampf.blogspot.net, mais aussi sur des articles encyclopédiques traitant de la Shoah, au motif que le vilain mot était détecté...
PPS: Parler des limites de la licence artistique, renvoie volontiers aux poursuites judiciaires contre Henri-Claude Cousseau pour l'expo Présumés Innocents, en 2000... Même si, entre ça et Apocalypse Now, mon choix est vite fait pour une soirée DVD.

La Thilde a dit…

Eh ben t'en avais des trucs à dire sur les censeurs et leur moralisme à la con ! Tu sais, je pense un peu comme toi. Je dis juste : bizarre que ce soit cette scène qui ait été plébiscitée parmi pleines d'autres aussi mémorables. C'est tout. Moi aussi j'adore Apocalypse now.