dimanche 4 novembre 2007

Conseils à un jeune artiste

Un samedi soir comme un autre. Le concert de trop peut-être. Pourtant, j'avoue j'adore l'accordéon, le swing de la contre bassine et la voix bandonéante d'un argentin de Carcassonne. Mais y a des limites au mauvais goût et, cette fois, la pinte est pleine. A toi, jeune futur prometteur alcoolique grattouilleur à tes heures, si l'envie te turlupine de monter sur scène, lis ces quelques lignes et réfléchis encore un peu. Voici l'écueil qu'il convient d'éviter (c'est un tableau général) :
Le concert démarre avec "il y a quelques années, j'avais 13 ans, j'étais avec mon père au bord d'un lac et on parlait de la vie et mon père pensait que... bzzzzzzz". Réveil brutal dans un larsen intempestif. Hu, hu, 'scusez nous, on commence hein. Allez, c'est partiiiiii. Le premier couplet fait rimer "mon ange déchu" avec "dans la raie de mon c.." Le guitariste aux cheveux gras laboure fiévreusement son instrument. Les auréoles qui entachent le t-shirt Che Guevariste du batteur s'élargissent à une vitesse qui frôle celle du tuba pour aller vomir à la pause. Personne n'a reconnu la reprise des Remparts de Varsovie. C'est peut-être pas plus mal. Et puis, c'est quoi cette dictature du chanter juste ? hein, franchement, un peu d'esprit libre que diable. Le diable, ta figure préférée d'ailleurs, on saura dans la dernière chanson que tu lui parles parfois en te demandant quel genre d'artiste maudit tu es et pourquoi sinon en fait ça pourrait pas aider à pécho des filles. Histoire de... pas écouter du reggae tout seul en rentrant.
Au comptoir, on apprendra de ta bouche pâteuse que "Ce qui ne va pas dans la société, c'est les gens" mais comme tu sais teaser ton public, tu gardes la meilleure pour la fin : "Eh les mecs, savez quoi ? moi j'pense qu'à l'auto-école, faudrait qu'on nous apprenne à conduire bourrés... On apprend bien la conduite sur glace. Alors, hein ?" Alors, Charlie boy, n'oublie pas de prendre une petite aspirine tout à l'heure et laisse tomber la musique pour ce soir. Essaie le macramé. Cela dit, il en faut pour tout le monde et tu peux très bien réussir. Juste, une fois en haut de l'affiche ton nom en dix fois plus gros que n'importe qui, rappelle toi : il n'y a qu'un pas du Capitole à la roche tarpéienne. Bon, ce soir, O'djila à l'Attirail, ça c'est de la bonne ! Et moi, je file prendre mon cours de guitare.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, la Roche tarpéienne. J'attendais ses parois cruelles avec avidité! Que n'ai-je construit des chateaux en Italie! Mon binôme m'en est témoin (je le salue s'il lit ceci), s'il s'en faut de peu entre la colline de Jupiter et le funeste éperon, la peur respectueuse qu'il inspira un temps se limite aujourd'hui à une vague inquiétude de se fouler une cheville sur ses pierres traîtresses. La Via Appia Antica, de nuit, hors des clous, dans le frôlement métallique des bagnoles, représente une NDE bien plus hérissante!
Devant tant de déconvenues, mon double et moi, nous en étions quittes pour nous retirer sur l'Aventin. Lui, au moins, il était dans le Routard. Et puis, de là, on pouvait voir le pull vert arriver de loin!

NB: Je patauge dans la private joke, mais c'est pas grave. La Thilde, j'espère pour toi que ton entretien avec le Florent-Pagny-like était un service commandé, 100% professionnel. Sinon... Lose.

La Thilde a dit…

Oui oui, je crois qu'il lit ceci ton nanonyme binôme. Mais, je vous en prie, faîtes comme si je n'étais pas là. (J'enchaînerais presque sur Desproges et son commentaire sur l'autre François mais je ne voudrais vexer personne hein...)