lundi 26 mars 2007

Après on parlera de choses plus futiles



Qui a revu l'Auberge espagnole hier ? qui a regardé le générique avec une moue convenue "ben on choisit pas tous de devenir écrivains c'est tout" ? Pour la tranche d'âge à laquelle j'appartiens, celle qui écrit "repasser chemises" et "souscrire PEL" dans son agenda, le constat commence à être amer. Pour un métier choisi combien de vendeurs de volets roulants ou de communiqués de presse pompeusement appelés "articles" ? Je ne fais pas exception à l'infâme défaite des idéaux : j'embauche pour mon premier Cdi en presse éco la semaine prochaine. Autant vous dire que je n'en mène pas large. Je ne jette pas la pierre. Et on n'est pas tous Pierre Carles. Si vous ne voyez pas de quoi je veux parler, ce documentaire indispensable sur l'indépendance des médias et en particulier des chaînes de télévision. Tout le monde en prend pour son grade : Schneidermann se paie même un ticket pour un tour complet. Voir : la séance de maquillage avec Messier. Schneidermann lui demande d'un ton complice : "On peut vous demander quelques chiffres sur Vivendi ? N'ayez pas peur, on en a juste besoin pour la présentation, ce n'est pas pour l'antenne. Ce sera plus glamour… Après on parlera de choses plus futiles." Illustration de l'infâme défaite. Encore hier soir : sur la sixième, la dernière campagne de Jean-Marie. Le Pen invité chez France 24. Brosse à reluire. Le Pen au cimetière chinois de Noyelles. Provocation suivie passivement par les journalistes. Qui en redemandent avec des photos entre les croix. Le Pen qui congédie les mecs d'Enquête exclusive. "Vous n'en avez pas eu assez (d'images) ? Vous commencez à m'emmerder là. Je me plaindrai à votre direction." Allez va jouer avec ta caméra, on t'appellera quand on aura besoin de toi.


(en lien, radio Istambul, les pieds dans le Bosphore, les oreilles en voyage)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

M'avait énervé moi le Pierre Carles. Réglement de comptes post-mortem avec les bêtes noires de son maître à penser. Un docu intéressant mais idéologique, alors même qu'il se revendique de la critique de médias dévoyés. Même constat, sur Carles, que pour Acrimed ou Indymedia: ils critiquent, et c'est salutaire, le 4e pouvoir. Mais eux, qui les critique?

La Thilde a dit…

Toi ?