mercredi 22 novembre 2006

Si j'avais un marteau...

Ce qui est drôle avec Friedrich, c'est que l'interprétation peut aller chercher loin. Plus fort que Kant et la masturbation ou Descartes et le cannabis : Nietzsche et le bouddhisme. C'est pas absurde (l'éternel retour s'inspire notamment du "samsara") mais toutes ces récupérations font bien chier les gardiens du temple universitaire. Voilà comment, dans Le Crépuscule des idoles, le philosophe met le sujet sur le billot : «Quelle est la mission de toute instruction supérieure ? - Faire de l'homme une machine. - Quel moyen faut-il employer pour cela ? - Il faut apprendre à l'homme à s'ennuyer. - Comment y arrive-t-on ? - Par la notion du devoir. - Qui doit-on lui présenter comme modèle ? - le philologue : il apprend à bûcher. - Quel est l'homme parfait ? - Le fonctionnaire de l'État. - Quelle est la philosophie qui donne la formule supérieure pour le fonctionnaire de l'État ? - Celle de Kant : le fonctionnaire en tant que chose en soi, placé sur le fonctionnaire en tant qu'apparence.» Moi, c'est le genre de citations qui me fait rire. Il faut dire que je suis de bonne humeur, on m'a envoyé des fleurs ce matin à la radio.

Toujours à propos de fleurs, cette histoire triste et drôle à la fois, à lire dans le Monde : un ancien avocat poursuivi par une de ses collègues pour harcèlement amoureux. Friedrich, lui-même, se laissa mener en gondole par la délicieuse et dangereuse Lou Andreas-Salomé, russe frigide mais lettrée qui fit aussi tourner la tête de Freud et Rilke. Quand F.N. (pas de bol pour les initiales) écrivait : «Un homme profond d'esprit autant que de désirs, doué par surcroît de cette bienveillance profonde capable d'une sévérité et d'une dureté qui se confondent facilement avec elle, un tel homme ne peut penser à la femme qu'à la manière d'un Oriental : il doit voir dans la femme une propriété, un bien qu'il convient d'enfermer, un être prédestiné à la sujétion et qui s'accomplit à travers elle.» (Par delà bien et mal) ... c'est le sultan qui se fout du harem.

Dans le jardin des blogs, la découverte miraculeuse mais posthume de cette japonaise, complètement barrée, qui écrivait au printemps dernier : «Je n'en peux plus de vivre dans ce blog étroit et mal fichu, j'en ai marre, tout ça est complètement nul». En fait, c'était plutôt bien. Mais chronophage. Dommage, sa fleur ne manquait pas de piquant.

Aucun rapport avec ce qui précède mais puisqu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, un peu de réclame : les liens que je sélectionne soigneusement pour vous, mes petits canards, sont aussi remis à jour régulièrement. En attendant que je sois en mesure de faire virer la colonne à babord, ils vous attendent là, au chaud, à deux clignements d'yeux sur la droite. (Et sans vouloir vous prendre pour des bleus, y'en a aussi dans les titres et les illustrations...)

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