lundi 1 octobre 2007

I plead guilty

J'ai aimé un best-seller, j'avoue. Alors, oui, on pourrait prétexter des lourdeurs d'une écriture qui, entre figures de style précieuses et étirements syntaxiques douloureux, se regarde elle-même se perdre en de savantes contorsions. On pourrait arguer de références pesamment marquées au corpus d'une élite intellectuelle auto-désignée et rétro-satisfaite, pointer un index accusateur sur une culture supérieure (comme le jambon de Léon) qui se contenterait du programme d'hypokhâgne (j'adoooore la littérature russe et les films d'avant-garde japonais) et de l'écoute quotidienne de France Inter pour faire rendre sens au vivant. D'un côté Prix des lectrices de Elle. On pourrait trouver de nombreuses et légitimes raisons de ne pas lire L'élégance du hérisson. Ce serait une grave erreur. Une faute stratégique dans le cheminement d'un lecteur un tant soit peu conscient de l'intérêt de se faire plaisir. Certains ne se sont pas privés, naturellement, de l'écraser à peu de frais, usant de l'argument très en vogue de l'inanité des valeurs et du bannissement corrélatif, hors du champ de la littérature, des "bons sentiments".
Si le public lui a rapidement apporté ses suffrages, peu de critiques ont pris le risque de le défendre. Il n'a d'ailleurs gagné, et ça ajoute à son charme, que des "petits" prix (Prix de l'Université de Bretagne Sud, Prix Rotary, Prix Georges Brassens, Prix des lecteurs de Val d'Isère). Pour celui qui fera le léger effort de suivre Paloma, jeune surdouée suicidaire, et Renée, concierge autodidacte, dans leurs méditations quotidiennes, il y a du plaisir à revendre, et des années à prendre. Car c'est un livre sage et sain. Comme une balade en forêt avec un vieil ami qui cultiverait la pensée heureuse et l'amusement face au spectacle du monde. Ni plus, ni moins. Un livre qui fait du bien sans avilir l'esprit. C'est pas si courant.
"L'éternité nous échappe" lit-on page 101, et j'ai l'impression très distincte d'entendre quelqu'un. Pour ma part, je l'ai englouti avec un plaisir intense la veille de sauter par dessus ce premier quart de siècle. Il semble en effet que je sois en train de basculer du côté de la trentaine. Et, fucking mître, ça commence demain !

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