jeudi 4 octobre 2007

Survivre en milieu journalistique

(Ceci fait suite à une réflexion corporatiste et néanmoins privée - toute ressemblance avec des faits et personnages réels est totalement fortuite.)
Cher stagiaire qui débarque les yeux brillants, je voudrais aujourd'hui partager avec toi, qui étais moi il n'y a pas si longtemps, le fruit de ces quelques années d'expérience et la découverte d'une botte imparable pour faire ton trou dans notre zoosphère. Pour commencer, déleste toi de tes idéaux. Tu seras moins relou. Ensuite, pour se mettre dans la poche cette espèce animale très particulière qu'est le journaliste et toute la petite bande de SR, maquettistes, service pub... qui vit avec lui sur la moelle du monde de l'information, point besoin de briller par son intelligence, ça suscite plus de jalousies qu'autre chose. La culture ? Doucement l'ami, si tu sors des clous, tu comprends très vite à quoi tu t'exposes. Être gentil ? Tu plaisantes : personne n'est gentil et tu te méfieras plus particulièrement de ceux qui en ont l'air. Attention, les conventions hiérarchiques demeurent : moucher une petite attachée de presse bafouillante au bout du fil fera marrer tes collègues et t'attirera la sympathie générale. Par contre, ton chef, le grand sioux qui lit l'Equipe dans sa cage de verre, les pieds sur le bureau, qu'on ne dérange que sur la pointe des pieds en s'excusant pardon de te déranger j'm'excuse de m'excuser, a toujours raison, même quand il rajoute une erreur dans TON papier et que c'est TON nom qui cautionne ladite erreur. Si, par hasard, l'idée t'avait traversé le ciboulot, tu éviteras aussi de jouer de ton physique si tu n'es pas absolument sûr(e) de savoir faire face à des propositions crues à la sortie des toilettes. Dur métier, diras-tu, et je ne te contredirai pas. Mais pour que s'arrondisse cet enfer quotidien, pour que les regards de reconnaissance dégoulinent sur ton passage et que ta cote de popularité décolle, au ventre tu frapperas. Ma recette ? Je teste mes gâteaux au bureau. Ne rigolez pas, ça marche du tonnerre. Jamais vu personne refuser une part de fondant au chocolat quand arrive le café de 11 heures. A périmètre constant par rapport à la propension des métiers "intellectuels" à céder aux douceurs des nourritures terrestres (y en a toujours un(e) au régime qui dit d'un air dégoûté "tttt, ça a l'air très très gras ce truc"). "On vous ferait faire tout ce qu'on veut pour de la bouffe" éructait ma mère, défaite par tant de bas intérêts, quand nous nous battions pour des miettes. Rien ne se perd. (Y a une recette dont on parle beaucoup en ce moment, c'est un mélange de délits d'initiés et d'affaire d'Etat. Paraît qu'ils sont nombreux à s'être resservis sans demander leur avis aux autres copains de la boîte. C'est que ça devait pas être mauvais mais y manquent quand même de savoir-vivre ces gens-là...)

Aucun commentaire: