mercredi 8 août 2007

Pitié pour le présent

Dans la petite rivière vive et douce, à l'écart du groupe, sa femme s'est mise nue et avance, l'eau de la Jordanne aux mollets. Penchée, soudain impudique, elle appelle Cogito qui vient voir, dans ses mains, les paillettes évidemment brillantes sur le caillou ramassé. À ses pieds, qui forment sous le courant deux rails ou radeaux flous, tout étincelle aussi. Cogito sait que les orpailleurs ont oeuvré des siècles ici, qu'on plongeait des toisons de brebis ou des draps de trame oblique pour y accrocher les parcelles d'or, que le Pactole ici a été réel. Mais, relevé, il lui prend les flancs, fuit l'ombre du dos, entre un feu dans sa poitrine, la voit rire et l'embrasse. « Il n'y a pas d'or par là » souffle-t-elle, en tombant du tout haut d'elle, avec lui, dans le flot.

Cet extrait des "Tribulations de Marcel Cogito". Un des ouvrages du professeur de philosophie, Marc Wetzel, dont ses élèves du lycée Joffre de Montpellier ne soupçonneraient pas immédiatement qu'il donne dans ce genre de littérature. Un homme que je connais trop peu pour le décrire sinon avec les mots de son ami, André Comte-Sponville : un Monsieur Hulot méditatif, un grand tourmenté qui ne se lasse pas d'exister, un esprit trop intelligent mais pas dupe : les idées comptent moins que le coeur, moins que la vie. Voilà, me semble-t-il, comme il est bon d'écrire.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous connaissons parfaitement l'activité littéraire de notre si cher professeur de Philosophie. Marc Wetzel est un parangon de sensibilité, de bienveillance, d'humanité, le tout soupoudré de poésie et de profonde légèreté.

Anonyme a dit…

ce que je connais du professeur Marc Wetzel, c'est le camarade de lycée, à Lyautey, dans les années 68-70, lorsqu'il était un bon camarade et complice de Christophe Aguiton. Leurs idées, à ces deux-là, étaient un peu trop avancées, pour leurs petits camarades et le prof de philo de l'époque, un certain Torrès ("la philosophie sans douleur") s'en méfiait particulièrement... T'en souvient-il camarade Marc?
eric Dyvorne

Anonyme a dit…

petite serveuse en robe courte rouge, j'ai rencontré Marc wetzel dans une petite auberge d'angles, et me suis "presque" reconnue dans les yeux de Marcel... je m'étais coupée le doigt avec un couteau à pain...