mardi 5 juin 2007

La loquèle, c'est une maladie ?

Attention, ce billet n'est pas réservé aux hypokhâgneuses. Pour ceux que le sujet rebute, vous apprendrez quand même deux mots nouveaux aujourd'hui. Et qui peuvent rapporter gros au Scrabble.

Cette découverte, cruelle mais utile : les Fragments d'un discours amoureux de Barthes. Ou la désacralisation totale et littéraire du mythe de l'"amour de l'amour". Des poses, des cris et des larmes de l'amoureux transi. On ne peut pas lire cet essai sans signer la fin de sa carrière de prima dona. Ou alors en faisant preuve d'une mauvaise foi démesurée. Ou d'un dédoublement de personnalité inquiétant. En tous cas, ça met en perspective comme diraient les peintres de la Renaissance.
La loquèle, à cet égard, nous servira d'exemple sur cette analyse des figures du discours amoureux. (Je ne cite pas in extenso)
"LOQUELE. Ce mot, emprunté à Ignace de Loyola, désigne le flux de paroles à travers lequel le sujet argumente inlassablement dans sa tête les effets d'une blessure ou les conséquences d'une conduite : formes emphatiques du "discourir amoureux". (...) Par moments, au gré d'une piqûre infime, il se déclenche dans ma tête une fièvre de langage, un défilé de raisons, d'interprétations, d'allocutions. Je n'ai plus conscience que d'une machine qui s'entretient elle-même, d'une vielle dont un joueur anonyme tourne la manivelle en titubant, et qui ne se tait jamais. Dans la loquèle, rien ne vient empêcher le ressassement. Dès que, par hasard, je produis en moi une phrase "réussie" (dans laquelle je crois découvrir l'expression juste d'une vérité), cette phrase devient une formule que je répète à proportion de l'apaisement qu'elle me donne (...) je la remâche, je m'en nourris ; pareil aux enfants ou aux déments atteints de mérycisme, je ravale sans cesse ma blessure et la régurgite. (...)
Je prends un rôle : je suis celui qui va pleurer ; et ce rôle, je le joue devant moi et il me fait pleurer : je suis à moi-même mon propre théâtre. Et de me voir ainsi pleurer, je pleure de plus belle ; et si les pleurs décroissent, je me redis bien vite le mot cinglant qui va les relancer. J'ai en moi deux interlocuteurs, affairés à monter le ton, de réplique en réplique, comme dans les anciennes stychomythies : il y a une jouissance de la parole dédoublée, redoublée, menée jusqu'au charivari final."
Bon, et sinon, il fait quel temps chez vous ? Nan, parce qu'ici, c'est parfois ci parfois ça et puis on ne peut jamais prévoir, c'est sûr, le temps qu'il fait, c'est plus ce que c'était, d'ailleurs... hein ?


(En lien dans le titre, je caresse mon égo dans le sens du poil en servant de "texte d'auteur" à un concours... d'infirmiers. Ok...)

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