lundi 19 mars 2007

Perchée sur deux roues


Allez, j'avoue : j'ai tenu trois jours. Bon, en trois jours, je suis quand même arrivée à Condom (on prononce la diphtongue à la fin) en passant par Montcuq (on prononce la lettre finale). Toute une éducation. Soit 170 kilomètres (sans compter les fois où je me suis perdue) de descentes et de montées, de fondrières et de chênaies, les cheveux collés au front, le sang qui cogne aux tempes.
170 kilomètres, c'est pas beaucoup mais j'avais une bonne raison de m'arrêter : d'abord la pluie. Ensuite la finale des 6 nations au café des Sports de Lascaure. Une soirée à l'enclume, c'est-à-dire le bout du comptoire, sous la télé qui retransmet le tiercé. Une place d'honneur dans l'équipe de gascons locaux. A l'affiche : Jean, "demi-aristo" et gentil dingue qui vit avec sa vieille mère dans le chateau voisin. Régis, carreleur de son état et ancien avant-centre qui se chargea de me faire piger les règles entre deux rasades du "rouge au beau-frère". Serge, pied-noir renvoyé en Algérie comme parachutiste, qui ne veut plus se battre aujourd'hui que contre la truite, "et encore, seulement une fois par an".
Avant de partir, je lisais dans le train une interview de David Lynch qui expose en ce moment à la fondation Cartier, où il parlait de la joie d'attraper des idées au vol et de celle, au contraire, de ne penser à rien. Lui parle de "méditation transcendentale". Moi je dirais "faire le vide". Quand, sous chaque coup de pédale, l'esprit se libère sous l'effet combiné de l'effort accompli et de la concentration sur ce "putain de dérailleur". Je dis ça sans méchanceté, j'ai beaucoup de tendresse pour mon dérailleur. On a vécu des moments forts tous les deux. Sur cette petite philosophie à deux roues, je vais plonger ma zénitude toute neuve dans la pression plus tumultueuse de Londres. Le Retrouved me suit de ce pas.
(en lien le texte intégral de l'oeuvre qui comprend ce passage saurez vous deviner laquelle ? "Que dites-vous ? C'est inutile ? Je le sais ! Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès ! Non ! Non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !")

2 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai affiché une carte du monde et je met des épingles de couleur à chacun de tes déplacements
par contre j'ai eu du mal à trouve Montcuq....

allez bisouilles pitchoune

La Thilde a dit…

merci ma poule ! mais laisse pas trop traîner les preuves si la DST vient fouiller chez toi...