jeudi 18 janvier 2007

Silence

Montebourg se fait outcaster ! La blague de trop. Montebourg condamné au mutisme. "C'est sans doute ce qui pouvait lui arriver de pire" lit-on dans Libé. Pas jolie jolie cette campagne. Le déchaînement s'étend jusqu'aux colonnes du Monde. Il y a des jours où l'on gagnerait à se taire. Rien à voir avec la choucroute mais dans les derniers buzz, histoire de rester early adopter, à défaut d'être trend setter (quitte à dire n'importe quoi, autant s'exprimer dans un jargon raffiné) : voici la sonnerie réservée aux djeuns, cliquez sur le titre et faîtes le test !
Débutons le week end plus sérieusement : il faut aller faire un tour au Panthéon où viennent d'entrer les Justes de France. Fut un temps, en 1942 par exemple, où les Justes faisaient partie de ces gens peu fréquentables qu'on ne se flattait pas d'inviter à dîner. D'après Lucien Lazare, historien et membre de la commission de Yad Vashem : "Longtemps après la guerre, ces personnes sont restées dans l'ombre, souvent par modestie, mais aussi par crainte de subir des réactions négatives de leur entourage, de leur employeur ou des autorités de leur pays pour avoir violé le règlement." L'hommage rendu aujourd'hui est magnifique et nécessaire. Mais la mise en scène et l'importance donnée à l'évènement ne cache-t-elle pas l'ultime tentative des dernières générations qui ont connu la 2e guerre mondiale de se libérer de la chape de mauvaise conscience qui pèse sur leurs vieilles épaules ? Parfois le silence...

3 commentaires:

D. a dit…

Je ne sais pas si nous sommes d'accord ou non sur l'évènement... Je ne sais pas si cette cérémonie est autrement nécessaire que par sa portée politique. Je ne sais pas si tu dénonces ou défends le devoir de mémoire... En tout cas je suis ravi de voir que nous avons eu le même élan pour rendre compte de nos humeurs sur l'évènement... L'hommage est-il nécessaire? La cérémonie est celle d'une société qui se regarde, qui se fait plaisir, qui d'une certaine manière se fédère aussi, mais sur une mémoire et non sur une histoire... L'historien - et les propos de Lucien Lazare sont très difficiles à utiliser - ne peut s'empécher de ressentir un malaise à l'égard de ce genre d'évènement... malaise d'autant plus lourd que tout cela commence à faire beaucoup, beaucoup de vérités que le politique ted à imposer à la science. Juste alors deux petites choses: ne confondons pas histoire et mémoire, j'y tiens, je me bats avec mes étudiants pour cela, et de grâce, sortons enfin de la Seconde Guerre mondiale.
PS: il serait intéressant que tu développes le soupçon de critique qui perce dans ta dernière phrase et qui me semble d'une jolie finesse d'esprit.

La Thilde a dit…

Merci monsieur le professeur,
non je ne suis pas contre le devoir de mémoire ; j'habite dans le 3e arrondissement quand même, faudrait être fou.
Ma dernière remarque n'est qu'une libre reprise de la pensée développée par Sartre et très en vogue après guerre : on ne naît pas responsable des fautes de ses parents. Et épouser la mauvaise conscience de son époque n'avance à rien. Enfin, ça c'est mon avis.

Anonyme a dit…

Dans le livre d'Hannah Arendt (certes controversé) il est écrit une phrase sur les jeunes générations allemandes :"Il est presque agréable de se sentir coupable quand on n'a rien fait de mal: comme c'est noble! Mais il est plutôt difficile et certainement déprimant d'admettre une culpabilité et de se repentir..." Hannah Arendt Eichmann à Jérusalem P 437 et suivante folio histoire.